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Le Brésil redécouvre les sculptures surréalistes de Maria Martins

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Le Musée d'art moderne de São Paulo présente une magnifique exposition de sculptures de Maria Martins (1894-1973), découverte à New York par André Breton, pendant la seconde guerre mondiale, et intimement liée à Marcel Duchamp. Pour les Brésiliens, c'est une redécouverte, un véritable éblouissement.

Maria Martins vivait à la fin des années 1960 à Rio de Janeiro, sur la plage du Flamengo. Elle était étonnée et ravie de récevoir de la visite, qu'on s'intéresse à ses oeuvres et surtout qu'on lui parle du surréalisme.

Rentrée au Brésil après une longue absence (elle était mariée à un diplomate), elle avait été mal accueillie par la critique, qui ne croyait plus à la figuration.

Ses contemporains passaient ainsi à côté d'une oeuvre impregnée des mythes et traditions de l'Amazonie. Chez Maria Martins, la figure humaine est toujours en symbiose avec le monde animal et végétal, sans oublier le monde minéral, étant donnés les matériaux dont elle se servait.

Cet univers magique avait séduit les surréalistes exilés à New York, qui s'empressérent de l'inviter à leur première exposition internationale d'après-guerre, à Paris, en 1947. Maria Martins puisait son inspiration dans les figures qu'avaient exalté les modernistes brésiliens, à commencer par Mario de Andrade et son grand roman, Macounaïma.

Ensuite, elle avait découvert le spiritualisme oriental et avait dépouillé son style, très baroque à ses débuts. Sans pour autant délaisser la sensualité et la séxualité toujours très présentes dans ses sculptures, un peu trop explicites pour la prude société brésilienne des années 1950. Maria était une femme libre, qui bousculait les conventions.

Maintenant, l'Amazonie est devenue le coeur symbolique du Brésil, l'écologie est à la mode, Maria Martins paraît plus que jamais en phase avec notre temps. Elle ne scandalise plus les visiteurs du Musée d'art moderne de São Paulo, et la critique désormais unanime salue une pionnière de la création contemporaine.

A la fin des années 1960, le visiteur inopiné de Maria Martins partait avec son dernier ouvrage, un petit essai sur Nietzsche et les "dieux maudits". Et avec le sentiment d'avoir vécu un moment privilégié, à rebours d'une époque pleine de bruit et de fureur, les années de plomb de la dictature militaire.


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